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Par Akia le 13 Février 2019 à 08:33
Ce n'est pas le trépas, c'est un très doux sommeil
Ce n'est pas le trépas, c'est un très doux sommeil
Qui bannit peu à peu l'éclair de ma paupière,
Adieu ; je vais jouir d'une douce lumière,
Attendant que ce corps s'anime de réveil.
Ami, ne pleure plus, ton amour non pareil
Recevra sa couronne au bout de la carrière :
Ainsi passait ma belle, et sa douce manière
Arrêtait de pitié la course du soleil.
Hélas ! à son partir l'Amour partit du monde,
La clarté chut du ciel et se noya dans l'onde,
La mort depuis ce jour est le miel de mon coeur :
Il ne m'est plus resté qu'une langueur extrême,
Qui me fait méconnaître un chacun et moi-même,
Et le ciel s'embellit de mon long crève-coeur.Abraham de VERMEIL 1555 - 1620votre commentaire
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Par Akia le 13 Février 2019 à 08:29
Puisque tu veux dompter les siècles tout-perdants
Puisque tu veux dompter les siècles tout-perdants
Par le rare portrait de ses grâces divines,
Frise de chrysoliths ses tempes ivoirines,
Fais de corail sa lèvre, et de perle ses dents ;
Fais ses yeux de cristal, y plaçant au dedans
Un cercle de saphirs et d'émeraudes fines,
Puis musse dans ces ronds les embûches mutines
De mille Amours taillés sur deux rubis ardents ;
Fais d'albâtre son sein, sa joue de cinabre,
Son sourcil de jayet, et tout son corps de marbre,
Son haleine de musc, ses paroles d'aimant ;
Et si tu veux encor que le dedans égale
Au naïf du dehors, fais-lui un corps d'opale,
Et que pour mon regard il soit de diamant..Abraham de VERMEIL
1555 - 1620votre commentaire
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Par Akia le 13 Février 2019 à 08:21
La forteresse imaginaire
Sombres incantations maudites
Venues lacérer mon espoir
Cœur de ma cité interdite
Où s'est emmurée mon histoire
Plongée dans les heures de vertige
Atroce chute dans le gouffre
Insondable où le temps se fige
L'esprit gémit et la chair souffre
N'entrevoir qu'une lueur pâle
Qui s'estompe au loin dans la nuit
Illusion immémoriale
Dont même le secours s'enfuit
Toujours ce discours écrasant
De terreur sourde, qui insiste
Insaisissable et épuisant
Et ces murailles qui résistent
D'une incessante canonnade
La démolir pierre après pierre
La forteresse imaginaire
Où mon désir se barricadevotre commentaire
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Par Akia le 13 Février 2019 à 08:17
Je sens venir l'hiver
Je sens venir l'hiver
Sous son bonnet givré
Emmitouflé de neige
Et d'écharpes de brume.
Je sens venir l'hiver
Gerçant mes lèvres blanches
Et craquelant ma peau
Son frisson dans mes os.
Je sens venir l'hiver
Le grand feu s'est éteint
Reste l'odeur de cendre
Et ce froid dans mon âme.
Je sens l'hiver qui vient
Son haleine glacée
Ses doigts froids sur mon cou
Sa gifle sur mes joues.
Je sens l'hiver qui vient
Son baiser verglacé
Et son ultime étreinte
Avant le grand départ
Et j'accueille l'hiver.votre commentaire
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Par Akia le 13 Février 2019 à 08:15
Le cancre du tableau noir
Sur ma trousse en jean... j’ai noté no future
Et à l’intérieur de mon cuir... j’ai les clefs de l’absurde
Quand on m’appelle au tableau noir
Tout le monde se marre
Je raconte des histoires
Qui n’ont rien à voir
Avec les questions notoires
Du professeur aux abois
La note zéro me colle à la peau
La réputation de cancre... je m’en vante
Je suis le cancre du tableau noir
Le tableau sans espoir
Qui laisse juste entrevoir la nuit noire
Un futur sombre au ciel bien bas
Aux questions remplies de pourquoi
Un simple cancre du tableau noir
Qui se demande pourquoi un tel foutoir
Et pourquoi l’espoir
Aux chiottes le savoir
Laissez-moi me débattre
Mon répertoire est insondable
Ce soir je me casse dans les dunes
Me tailler avec mon rasoir de fortunevotre commentaire
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Par Akia le 13 Février 2019 à 08:12
Vénus, ce marbre lisse
Sur une statue
Vénus, ce marbre lisse en guise d’épiderme
Te fait une peau douce au souple velouté.
L’art t’a fait naître et par la virtuosité,
Il semble qu’un cœur bat caché sous ton sein ferme.
La vie exulte en toi, mais la pierre l’enferme.
Aphrodite, il faut bien pour dire la beauté
Que l’homme te condamne à l’immobilité
De la création qui fait que l’œuvre germe.
Il faut que de l’esprit, le labeur imposant
Fasse jaillir la grâce au ras du roc pesant.
Pour te créer, il faut : la douceur et la force !
C’est la main qui caresse et c’est l’élan brutal
Du marteau sur la jambe et les bras et le torse,
C’est la sueur, c’est l’eau, le sang et le métal !votre commentaire
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Par Akia le 13 Février 2019 à 08:09
Tenir ta main
Je rentrais chez moi par une froide nuit de décembre
J’écoutais tomber la pluie sur ce bout de tissu tendre
Je suis passé juste devant toi, sans même te voir, dans mon errance
Alors tu m’as pris par le bras, quelle belle surprise, quelle belle chance
J’ai tout de suite remarqué que tu avais les yeux gonflés
Ils étaient rougis par les larmes, quelque chose était arrivé
Sans vraiment y réfléchir je t’ai posé la question
Lui et toi c’était fini, plus de vous deux et pour de bon
Nous avons fait quelques mètres ou un peu plus, que sais-je, peut-être
Sans échanger beaucoup de mots comme si nos deux cœurs étaient de trop
Comment a-t-il pu te faire ça ? À toi que j’aime sans que tu voies
Que derrière cet ami fidèle il y a un cœur qui chancelle
Oui comment a-t-il pu faire ça ? Alors que je ne rêve que de toi
Et que je donnerais ma vie pour tenir ta main cette nuit
Pour briser cette glace de solitude hivernale
Je t’ai raconté ma journée, qui était vraiment banale
À chaque phrase que je disais tu répondais par un sourire
Tu faisais preuve d’une telle force alors que tu devais souffrir
Dans un long et franc soupir j’ai senti ta peine un peu s’enfuir
Je n’avais rien dit de spécial, parler avait fait fuir ce mal
Tu n’avais plus l’air de souffrir, j’avais dû surement croire au pire
C’est dans ton regard amical que j’ai retrouvé mon Graal
En te voyant repartir dans ton beau manteau gris
Sans vraiment me rappeler tout ce que je t’avais dit
Tu t’es retournée une dernière fois en me faisant signe du bras
La tempête était passée, je te préfère bien mieux comme çavotre commentaire
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Par Akia le 13 Février 2019 à 08:06
Le coq et le buisson
Un coq assez célèbre et plein de vanité
Trouva en sautillant loin de son poulailler
Un grand et beau buisson.
« Un piédestal pour mes chansons !
Exulta-t-il, battant des ailes,
Comme la vie est belle !
Désormais je viendrai jusqu'ici, le matin.
Du haut de ce podium, vers le sud, vers le nord,
Je lancerai mon chant de ma voix de stentor,
Et tous m’acclameront jusque dans le lointain ! »
Hélas, le beau chanteur ne put bénéficier
Que pendant quelques jours de l'arbuste admiré.
Car ce bel arbrisseau était aussi celui
Duquel messer Renard guettait ses proies jolies.
Un jour et par hasard,
Le coq, sans le savoir,
Grimpa sur le buisson et s'offrit en mangeaille
Au goupil embusqué au milieu du branchage.
L'étourderie de l'un fut à l'autre victuailles.
Qu'apprenons-nous ici qui puisse rendre sage ?
Que nous désirons tous les plus jolis buissons
Qui sont la métaphore de nos tentations :
Les lieux de grands plaisirs, les refuges précieux,
Qui n'en est pas envieux ?
Notre instinct nous conduit où il conduit nos pairs,
Vers les mêmes fourrés, vers les mêmes repères...
Qui sont quelquefois dangereux !votre commentaire
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Par Akia le 13 Février 2019 à 08:04
Le ciel incertain
S’abîmant dans la mer, le ciel terne a fondu
Dans les flots vert-de-gris. Le temps est très instable
Depuis début juillet ; un temps si détestable
Qu’il fourvoie dans leur vol les gabians éperdusDe ne plus s’orienter dans le ciel de l’été.
Piaulant leur désarroi, les oiseaux semblent geindre,
Et le sombre Turner aurait très bien pu peindre
Ce ciel se confondant avec la fluiditéDes flots où a sombré l’horizon disparu.
Mais que fait donc le Temps qui se plaît à détruire
Ainsi tous nos étés ? Devons-nous en déduire,
Le cœur désespéré, que ce monde est perdu ?La lumière est grisâtre. Où donc est le soleil ?
L’on dirait qu’il décroît et qu’il se ratatine
Chaque jour un peu plus ! Une bien triste mine
Pour l’astre triomphant et dont l’éclat vermeilIllumine nos jours depuis la nuit des temps !
Du brouillard en été ! La Méditerranée
Clapotant comme un lac a les couleurs fanées
D’un novembre blafard, et ses flots cahotantsSont aussi délavés que le ciel incertain.
Notre mer tant aimée prend la teinte uniforme
De ce temps cotonneux qui peu à peu transforme
Son azur éclatant en indigo déteint.votre commentaire
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